Vous avez été victime d’une rupture de votre ligament croisé antérieur du genou.
Un ligament est une cordelette fibreuse qui relie deux os entre eux au niveau d’une articulation. Il guide et contrôle son mouvement … jusqu’au jour où l’amplitude dépasse les limites de son élasticité et c’est l’entorse ! Le ligament se différencie du tendon qui accroche un muscle à un os pour transmettre sa force de contraction. Pour assumer sa mission, le second se doit d’être plus rigide ! Retenez bien cette dernière notion ! Elle n’est pas exclusivement destinée à votre culture générale ! Elle vous sera bien utile pour comprendre vos suites opératoires ! Votre chirurgien a remplacé votre ligament rompu par un tendon … Voilà qui aura quelques conséquences pratiques !
Ca c’est passé chez vous !
Le ligament croisé antérieur se situe au centre du genou. Il est «antérieur» car il s’insère à l’avant du tibia, l’os de la jambe. Il va jusqu’à l’arrière du fémur, l’os de la cuisse. Il est «croisé» car il croise sur son trajet son collègue, le ligament croisé postérieur.
Il limite l’avancée du tibia. Il se met aussi en tension quand le genou tourne ou bascule. Vous pouvez vous rompre votre «croisé antérieur» lorsque vos spatules de ski s’écartent ou se croisent inexorablement. Il se déchire aussi quand votre genou pivote violement à l’occasion d’un changement d’appui. Ce peut être le cas au foot quand vos crampons restent bloqués dans le gazon ou quand un advesaire vous takle … maladroitement !
L’opération est-elle obligatoire ?
Le ligament croisé antérieur ne fait pas parti de la «capsule», le sac entourrant l’articulation. Il est isolé au milieu du genou, avec son collègue, le «croisé postérieur». Quand il est totalement rompu, il ne bénéficie d’aucun soutien et tombe sur le tibia. Les deux extrémités ne sont plus en contact. La cicatrisation spontannée est impossible.
Le croisé antérieur rompu tombe sur le tibia. Les deux extrémités ne sont plus en contact. La cicatrisation est impossible.
Cependant, vous avez entendu parlé du guérison spontanée après rupture du croisé antérieur. C’est vrai ! Enfin presque ! Le cas d’Anthony Réveillère, joueur de football à l’Olympique Lyonnais, a défrayé la chronique. Le ligament peut avoir été victime d’une rupture partielle. Il est distendu mais reste continu. Il peut se réparer voir se retendre comme c’est le cas dans une banale entorse de cheville. Il est possible aussi que le croisé antérieur s’accroche lors de sa chute sur le croisé postérieur. Cicatrisé dans cette position anormale, il contribue parfois à limité les mouvements anormaux du genou.
Quoi qu’il en soit, cette évolution n’est pas fréquente et ne permet que rarement d’obtenir un genou parfaitement stable, surtout si vous pratiquez intensément des disciplines avec des pivots et des contacts ! Néanmoins, si vous renoncez à ces activités pour ne pratiquer que des sports dans l’axe comme la course et le vélo, il est possible d’éviter l’intervention. Une rééducation intensive et une surveillance médicale s’imposent. Il faudra consulter si le genou se dérobe à nouveau … et envisager l’opération.
Heureusement, on a progressé !
Autrefois, on suturait les deux extrémités du ligament croisé. Malheureusement, elles étaient effilochées comme un morceau de bavette à l’échalote. Leurs vaisseaux sanguins étaient déchiquetés. La réparation ne pouvait pas tenir, la cicatrisation ne pouvait pas se produire. Le ligament mourrait, se nécrosait. Par la suite, on a compris que c’était l’instabilité en rotation qui gênait le blessé. Le docteur Lemaire a mis au pont une opération qui plaçait un tendon parallèlement au croisé antérieur mais en périphérie du genou. L’intervention était simple et le bras de levier du montage se montrait très efficace pour éviter les entorses en rotations. Malheureusement, les mouvements d’arrière en avant se poursuivaient insidieusement. Le genou frottait et s’usait, les ménisques s’abîmaient.